Au nom de mon fils

Au nom de mon fils,

En ces temps où les murs semblent s’élever, où les voix de division résonnent plus fort que celles de l’unité, je vous parle non seulement en tant que parent mais aussi comme un écho de nos ancêtres, porteurs d’un message intemporel. Mon fils, héritier d’une mosaïque de cultures – américain, canadien, français, et profondément sénégalais – est la preuve vivante que nos racines, aussi diverses soient-elles, tissent ensemble le tissu de notre humanité commune.

La constitution sénégalaise, dans sa forme actuelle, érige des barrières invisibles mais infranchissables pour ceux qui, comme mon fils, sont nés sous le signe de la pluralité. Une ironie cruelle pour un pays bâti sur les principes de la Teranga, synonyme d’hospitalité et de fraternité. Cette exclusion ne reflète pas l’âme du Sénégal, ni les aspirations de ses enfants.

L’heure est venue de se demander si nous voulons perpétuer un héritage de limitations, ou si nous sommes prêts à embrasser une vision plus grande pour notre nation et pour l’Afrique. Des leaders tels que Martin Luther King Jr., Barack Obama, et Nelson Mandela ne se sont pas contentés de rêver d’un monde meilleur; ils ont œuvré pour le concrétiser, prouvant que le courage de changer les choses commence par le refus d’accepter l’inacceptable.

Le Sénégal se tient à l’orée d’une ère nouvelle, une ère où nos lois peuvent et doivent refléter nos valeurs les plus chères. La diversité n’est pas une faiblesse; c’est notre plus grande richesse. Une constitution qui embrasse pleinement cette vérité n’est pas seulement un hommage à notre passé; c’est un engagement envers notre avenir.

Je vous appelle, citoyens du Sénégal, à voir dans mon fils et dans tous les enfants de cette terre, non pas des étrangers à exclure, mais des frères et sœurs à accueillir. Changeons ensemble notre constitution pour qu’elle soit un reflet fidèle de notre volonté de vivre ensemble, dans l’unité et la diversité.

Cet appel au changement n’est pas un défi à prendre à la légère, mais souvenez-vous : les nations les plus fortes et les plus unies sont celles qui ont su transformer leurs plus grandes épreuves en tremplins vers le progrès. Les États-Unis, le Canada, la France ont tous tiré force et cohésion de leur diversité. Il est temps pour le Sénégal de suivre cet exemple, non pas en imitant, mais en forgeant sa propre voie, enracinée dans les valeurs de Teranga qui nous sont si chères.

Au nom de mon fils, je vous supplie : ne nous contentons pas de rêver à un Sénégal inclusif; œuvrons ensemble pour le réaliser. Pour qu’un jour, peu importe où un enfant vient, il puisse aspirer à servir sa nation sans entrave. Pour un Sénégal où chaque voix compte, où chaque rêve a sa place.

Au nom de mon fils, et au nom de l’avenir que nous voulons tous pour notre pays, je vous invite à agir. Ensemble, transformons notre constitution, non seulement en lettres sur du papier, mais en un véritable appel à l’action pour l’unité, la diversité, et l’amour.

Que notre action aujourd’hui ouvre la porte à un avenir où chaque Sénégalais, peu importe son héritage, peut se tenir fier, non seulement de ce qu’il est, mais de ce que nous sommes tous ensemble : une nation unie, forte de sa diversité.

Amen.

Woula denis N’diaye