Nationalité exclusivement sénégalaise, terme qui pèse lourd sur l’âme de notre constitution

Woula denis N’diaye

Je rêve d’un jour où ce mot s’effacera, non seulement des pages de la loi sénégalaise,
mais de tout pays africain, berceau de l’humanité, où l’existence et la coexistence précédaient les frontières dessinées.

L’Afrique, mère de toute vie, où les empires s’étendaient bien au-delà des états d’aujourd’hui,
Nous appelle à embrasser la diversité, à inviter les talents du monde entier,
À réaliser que notre force réside dans notre capacité à unir, et non à exclure.

Le président Senghor, sage et visionnaire, comprenait que l’Afrique, et le Sénégal en son cœur,
Était une terre d’accueil, ouverte à tous ceux qui partagent nos valeurs,
Sans que la question de la double ou triple nationalité ne vienne obscurcir ce choix.

La colonisation a façonné notre histoire, entremêlant nos destins à celui de la France,
Nos premiers dirigeants, à la fois sénégalais et français, témoins de cette danse complexe.
Depuis 1959, notre constitution a reflété cette ouverture, cette union des cultures.

Mais aujourd’hui, un nationalisme étroit et sans vision se lève,
Un nationalisme qui lie éthique et morale à la singularité de la nationalité,
Ignorant que la sécurité d’une nation repose sur la qualité de ses dirigeants, et non sur l’origine de leur passeport.

Nous faisons confiance aux binationaux pour guider nos équipes nationales,
Mais hésitons à les voir présider notre République,
Un paradoxe qui révèle une peur infondée, un manque de compréhension.

Ce nationalisme, s’il grandit, deviendra le fossoyeur de notre avenir,
Comme Haïti, plongée dans le tumulte par des choix similaires.
Regardons vers la France, le Canada, les États-Unis, qui ont compris :
La question n’est pas la double nationalité, mais d’attirer l’excellence.

La France a transformé ses douleurs avec l’Allemagne en fondement de l’Union Européenne,
Les États-Unis ont tissé des liens forts avec le Royaume-Uni et le Canada,
Le Canada a forgé son identité avec la Grande-Bretagne, embrassant la diversité.

Le Sénégal, cher pays, se construira avec tous ses fils et filles, de toute origine,
Ou risque de disparaître, englouti par un nationalisme qui a perdu son nom.
Comme le chantait Maya Angelou, dans son hymne à la liberté,
Nous nous élèverons, ensemble, ou nous chuterons, divisés.